Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Langue française - Page 2

  • Le raton-laveur, espèce à protéger

    L'expression "inventaire à la Prévert" est probablement la seule couramment utilisée dans la langue française à être tirée de la poésie contemporaine.
    Un facheux indice de la part que celle-ci prend dans nos vies  quotidiennes...

    La poésie classique est mieux lotie, consacrée par les siècles, et par de vieux maîtres aux cols amidonnés, eux aussi disparus.
    Dans une génération, entendrons-nous encore des conversations agrémentées de "as-tu du coeur?", "dansez maintenant", "heureux qui, comme Ulysse..."?

    ▶︎ Vent du jour : Dans la rue ▶︎ 0 vent(s) de la plaine Lien permanent
  • Pas bon Banania

    Une station de radio fait ces jours-ci une importante publicité pour un "livre santé".
    Bien sûr, ce qu'on tente ainsi de nous vendre est un livre DE santé, mais ses promoteurs s'imaginent sans doute qu'il se vendra moins bien si on le présente à l'aide d'un français correct.
    Ce type d'entorse à la langue s'appelait autrefois "parler petit nègre", mais les temps ont changé et cette expression est désormais à remiser au fond du placard, près de la boîte métallique de Banania.
    Il faut tout de même signaler que cette construction est bien curieuse, qui consiste à aligner deux noms, l'un servant d'adjectif à l'autre. Avec une âme un peu grincheuse, on se persuaderait même qu'elle traduit un flou de la pensée très préjudiciable à une bonne perception du monde.
    Mais peut-être la santé mentale est un sujet abordé par ledit livre; alors, le remède suivrait de près le mal...

    De telles approximations - tels les "incidents voyageurs" ou les "informations clients" de la SNCF - faussent bien davantage l'outil de la langue que l'usage de mots anglais, généralement combattus par les Cassandre de la francophonie.

    ▶︎ Vent du jour : Presse ▶︎ 0 vent(s) de la plaine Lien permanent
  • Le flambeau

     

    Il est des choses que l'on peut écrire même en cabriolet; d'autres demandent le lit, le loisir, la solitude (72ème lettre à Lucilius).

    Il semble que pour les contemporains de SENEQUE, le travail, exercé la nuit, ne pouvait qu'en être meilleur. Le lit, éclairé par un flambeau (lucubrum), en garantissait le sérieux.

    Il en est encore de même aujourd'hui, puisque les écrits conçus hors de cette lueur protectrice sont qualifiés d'élucubrations.

    ▶︎ Vent du jour : Littérature ▶︎ 0 vent(s) de la plaine Lien permanent
  • La patate chaude

     

    Elle est bien désolante, cette pratique des internautes de transférer telles quelles les bonnes blagues reçues par messagerie.

    Il ne s'agit pas de juger ici de la qualité d'un humour qui se propage à la vitesse du liseron, mais du comportement tristement passif qu'il induit. Ces messages sont en effet, la plupart du temps, transmis à la totalité de son carnet d'adresses, et sans que soit prise la peine de les débarasser de toute trace d'acheminement antérieur, et des inévitables fautes d'othographe ainsi pourvues d'une postérité bien imméritée.

    La bonne blague (ou réputée telle) gagne un large et nouveau public, mais sans la moindre chance d'être un tant soit peu bonifiée, personnalisée à l'auditoire à qui on la destine. Elle va errer, transiter indéfiniment, comme le hollandais volant désespérant de son salut. Au lieu d'être une nouvelle histoire, renaissant perpétuellement de cour de récréation en repas de baptême, elle va se figer à jamais, puis pourir ou s'oxyder, comme une pomme délaissée, ou un produit quelconque de l'industrie.

    Notre blague, décidément de moins en moins bonne, est ainsi l'héritière de la télévision, qui débite ses films au kilomètre, alors qu'elle devait, par nature, être la descendante de la veillée et du conte...

    ▶︎ Vent du jour : Blog & Internet ▶︎ 0 vent(s) de la plaine Lien permanent
  • La particule alimentaire

     

     

     

     

    Nouvelle venue dans l'arsenal de la publicité et du marketing, la préposition "by", toute innocente qu'elle paraisse, a envahi nos magazines et nos affiches.

     

    On le sait, la particule est un attribut de la noblesse, et celle-ci n'y déroge pas.

    Son origine lexicale renforce de façon incontestable cette noblesse et ce prestige: "anglais oblige". De plus, cette particule induit l'idée du sang, qui ne saurait mentir, surtout s'il est bleu. C'est désormais entendu, quand la savonnette Schpountz était tout juste suffisante à décrasser grossièrement, la savonnette Schpountz by Volapuk est, quant à elle, pleinement habilitée à polir nos épidermes délicats.

    C'est ainsi que, pour succéder à la noblesse d'épée et la noblesse de robe, notre siècle aura produit la noblesse de boutique...

     

    Par chance, il reste encore quelques murs peints fleurant bon la roture et le caniveau: "Motobécane, la bicyclette qui roule toute seule!".

    ▶︎ Vent du jour : Dans la rue ▶︎ 0 vent(s) de la plaine Lien permanent